La crise de 1929

 

La crise est due à l’après-guerre qui recentre l’intérêt des citoyens Américains sur eux-mêmes dans la prospérité d’un pays voué au développement économique et aux propres technologiques (électricité, radio, réfrigérateur, automobile). Les femmes ont le droit de vote. La frénésie de la consommation s’accompagne d’une spéculation financière vertigineuse. Le repli de l’Amérique sur elle-même fait apparaitre la prohibition de l’alcool (1920), des mesures contre les idéologies subversives et de quotas d’immigration (1924) comme la peur des rouges. Ce sont les excès du libéralisme économique, un protectionnisme outrancier et la carence du pouvoir fédéral qui conduit à la Grande Dépression qui suit le krach de Wall Street. Le sauveur du capitalisme de la débâcle financière, économique et sociale par le New Deal (nouvelle donne) est Franklin Delano Roosevelt. 

Les Etats-Unis  des "roading twenties " ( « les années vingt rugissantes ») sont en forte croissance stimulée par les gains de productivité que permet le fordisme. C’est le début de la société de consommation. Mais le krach boursier de Wall Street en octobre 1929 entraîne une crise économique mondiale. Franklin Delano Roosevelt (1882-1945), président des Etats-Unis de 1933 à 1945 tente de redresser l’économie en lançant le New Deal (en 1933).

D'après la carte ci-dessus, on remarque que la crise de 1929 aux Etats-Unis a entrainé un taux de chômage très élevé en Allemagne, Autriche et au Royaume-Uni et un taux de chômage moins élevé au Portugal, Espagne,Italie, Grèce,Turquie, Albanie, Yougoslavie, Bulgarie, France, Suisse, Belgique, Hongrie,Tchècoslovaquie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie ... Et tous les autres pays de l'Union Européenne.

 

Krach de 1929

Du jeudi 24 octobre au mardi 29 octobre 1929, la bourse de New York chute radicalement: Cette chute annonce le Krach du Jeudi 24 octobre, noir, dont tous les journaux parleront. Ce Krach boursier marque le début de la Grande Dépression. C’est la plus grande crise économique du XXème siècle, elle arrive suite à une bulle spéculative qui avait débuté en 1927 et qui a été amplifiée par le nouveau système d’achat à crédit qui, depuis 1926, est permis à Wall Street. Les investisseurs achètent des titres avec une couverture de 10%  (pour 10 dollars achetés 1 seul est déposé). Le taux d’emprunt varie selon le taux d’intérêt à court terme. Le système dépend donc de la différence entre le taux d’appréciation des actions et ce taux d’emprunt. Les 18, 19 et 23 octobre 1929, il y a les premières ventes massives. Il y a une prise de bénéfice mais le cours est à la baisse. Le 24 octobre, il n’y a presque plus d’acheteurs, les cours s’effondrent. Selon trader-finance, l’indice de Down Jones perd 13% le 24 octobre et 12% le 29. 13 millions de titres sont cédés le 24 octobre nommé à cette occasion « jeudi noir », 5 jours après 16,5 millions d’actions sont liquidés c’est le « mardi noir ». Cette crise boursière durera 22 jours, c’est la plus longue de l’histoire. Le 24 octobre, une rumeur est lancée disant que de gros investisseurs s’apprêteraient à vendre massivement leurs titres. Les cours de la bourse tombent malgré l’intervention des 12 principales banques américaines qui ne cessent d’acheter pour enrayer la baisse.

 

La crise de 2008

 

Sous la présidence de Georges Walker Bush (2001.2009), les scandales financiers se multiplient (Enron, Worldcan). Wall Street atteint des records en juillet 2007 avant l’éclatement de la bulle spéculative et le krach en 2008, la politique.

Depuis 4 ans, la crise n’a cessé de se métamorphoser. Partie, début 2007, d’un segment du marché du crédit immobilier américain (les désormais fameux subprime) elle s’est d’abord transformée en une crise bancaire dont le paroxysme correspond à la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers en septembre 2008. Elle débouche alors sur une crise économique majeure (la première récession mondiale de l’après-guerre), combattue à grand renfort d’interventions publiques. Alors que le bout du tunnel semblait proche, la crise est entrée depuis 2 ans dans une 4ème phase : l’œil du cyclone s’est déplac é des Etats Unis vers l’Europe, des dettes privées vers les dettes publiques. Tout commence aux Etats – Unis apparemment comme une bulle immobilière classique. Les prix des logements ont explosé dans la décennie précédant la crise.

 

Lehman Brothers était une gigantesque banque d’affaire. Elle proposait des services financiers diversifiés. Son siège se situait à New York mais elle possédait également des sièges régionaux à Londres et à Tokyo ainsi que d’autres bureaux à travers le monde. Cette banque d’affaire a officiellement fait faillite le 15 septembre 2008. Elle, qui avait réussi à faire face à la crise de 1929, n’a pas résisté à la « crise des subprimes » (crise de 2008). Lehman Brothers était un acteur important du marché des emprunts d’Etats américains. En se déclarant en faillite, la banque Lehman Brothers a fait chuter toutes les places boursières mondiales.

 Lehman Brothers reste aujourd’hui le symbole de cette « crise des subprimes ». La crise des subprimes s’est actuellement transformée en "crise de la dette" des Etats venus au secours des institutions bancaires et financières.

La crise de 1929 et ses causes, un parallèle avec la crise de 2008 d’après J.F. Beaulieu.

 

Le prélude à la crise

A de nombreuses reprises des acteurs du système financier ont voulu mettre en place une banque centrale. Le risque d'une panique bancaire était souvent le motif invoqué. En 1913, un conglomérat de 12 banques réussit finalement à obtenir du congrès américain l'autorisation d'instaurer la Réserve fédérale, qui est la seule institution autorisée à imprimer de l'argent et à fixer un taux d'intérêt de base pour les banques auxquelles elle prête. Si le gouvernement américain d'aujourd'hui a besoin d'argent, il devra l'emprunter de la Réserve fédérale. La mission première de la Réserve fédérale était d'empêcher un écroulement du système bancaire en cas de panique et d'acheminer les capitaux nécessaires si tous les déposants d'une banque désiraient retirer leurs économies. Certains déclarèrent même que ce « pas de géant » permettrait d'éviter les crises de crédit et les récessions qui s'étaient manifestées çà et là au cours du siècle précédent. Non seulement les récessions ne disparurent pas, mais la Réserve fédérale allait faillir lamentablement à sa mission première et laisser des milliers de banques faire faillite entre 1930 et 1932; ce qui n'était qu'une récession sévère en 1930 se transforma ainsi en une gigantesque dépression.

   

Après la première guerre mondiale, le monde avait changé de fond en comble. L'Allemagne était ruinée et de nombreux pays d'Europe, particulièrement l'Angleterre, avaient financé l'effort de guerre en exportant leurs réserves d'or vers les États-Unis. Malgré cette saignée, l'Angleterre avait accumulé une montagne de dettes envers les États-Unis. La présence d'une réserve considérable de capitaux permet de financer des projets viables, mais elle permet parfois l'apparition de bulles spéculatives. Les taux d'intérêt relativement bas permirent aux ménages américains de s'endetter à un rythme de plus en plus rapide. L'achat de radios, d'appareils ménager et de nouvelles inventions pouvait maintenant se faire à crédit. Les Américains baignaient dans un climat d'optimisme que rien ne semblait pouvoir ébranler.La France et les États-Unis possédaient à eux seuls les trois quart des réserves mondiales d'or.

  

Bulle spéculative à Wall Street

Mais la politique de crédit facile utilisée par Benjamin Strong, le directeur de la Federal  Reserve, ne donna pas les résultats escomptés pour que l’Angleterre puisse rembourser ces dettes envers l’Amérique. Bientôt une grande partie du crédit généré aboutit à Wall Street. Les courtiers utilisèrent largement l'effet de levier d'un système d'appel sur marge; la bourse explosa. L'indice Dow Jones doubla pratiquement en deux ans. Le système était fort simple et reposait sur le principe d'une chaîne pyramidale. Si un Américain ou un Anglais possédait 1,000$, il lui était possible d'emprunter 10,000$ pour investir à la bourse. Si le prix d'une action à 10$ grimpait jusqu'à 12$, notre investisseur aurait fait 200$ avec sa mise initiale. Mais avec 10,000$, il faisait 2,000$ de profit moins des frais d'intérêt peu élevés. Il pouvait parfaitement vendre pour 2,000$ d'actions, emprunter 20,000$ de plus et recommencer. Ou, se prenant pour un génie de la finance, tenter d'éblouir ses amis en parlant du magnifique coup qu'il avait fait, ce qui ne manquait pas d'amener d'autres 'clients' dans le circuit. Si, par contre, le client achetait pour 10,000$ d'action à 10$ en couvrant 1,000$ de celles-ci avec son propre argent et que le prix passait sous la barre des 9$ il se devait de vendre aussitôt. Mais qu'est-ce que notre homme avait à craindre après tout, plus il y avait une demande pour ces actions et plus leur prix grimpait....

 

Bien entendu il y a une faille dans le raisonnement. Les banques ne peuvent pas financer à l'infini une telle chaîne et lorsque les actionnaires découvrent que le prix plafonne ils commencent à vendre, ce qui fait chuter les prix jusqu'à ce qu'un vent de panique amène l'écroulement de cette pyramide. En fait, en octobre 1929 les investisseurs furent tellement pris de panique que même en vendant au dixième du prix d'achat certains ne trouvaient pas d'acheteur. Beaucoup n'avaient pas le choix; une fois que la marge ou la mise de fonds n'était plus couverte c'était la vente automatique, parfois à un prix ridicule faute d'acheteurs. Beaucoup de banques, lourdement impliquées dans cette fièvre spéculative, étaient au bord de la faillite. Souvent la comptabilité créative (disons la falsification des bilans) permit à certaines d'entre elles de survivre un, deux ou trois ans mais, leur existence ne tenait qu'à un fil; des centaines, puis des milliers de banques firent faillite entre 1930 et 1932. Les paniques bancaires se multiplièrent. Pour répondre à ceux qui se bousculaient pour reprendre leurs économies, les banques n'avaient d'autre choix que d'exiger un remboursement immédiat auprès de leurs emprunteurs, acculant ainsi de nombreuses compagnies (qui n'avaient jamais joué à la bourse) à la faillite.

  Au début de 1929 les membres de la Réserve fédérale commençaient à s'inquiéter sérieusement de la tournure des choses à Wall Street. Le prix des actions n'avait plus aucun rapport avec les dividendes versés aux actionnaires. Plus la pyramide spéculative prenait de l'ampleur, plus son dégonflement brutal risquait de provoquer une onde de choc qui pousserait l'économie dans une récession prolongée. La Réserve fédérale hésitait cependant à hausser les taux d'intérêt par crainte de déclencher la panique et préférait utiliser la persuasion envers les dirigeants de banques dont les activités de spéculation lui paraissaient "excessives". Mais rien n'y fit.

 La situation n'était pas très rose pour Montagu Norman, le gouverneur de la banque d’Angleterre. La baisse des taux d'intérêt aux États-Unis était supposée aider le Royaume Uni à regarnir ses réserves d'or, mais une fois de plus les choses ne se déroulaient pas comme prévu. La flambée du prix des actions à Wall Street était telle que, non seulement les Américains ne plaçaient plus leur or dans les banques anglaises, mais de nombreux investisseurs anglais retiraient leur argent des banques anglaises pour la placer à Wall Street.

 

Le 6 février, le gouverneur de la Banque d'Angleterre arriva à Washington pour s'entretenir avec Andrew Mellon, le secrétaire au Trésor. Peu après la visite de Montagu Norman, la réserve fédérale changea brusquement de politique. Cependant si le président Herbert Hoover voyait d'un mauvais œil la spéculation en cours à Wall Street, il craignait qu'une hausse des taux d'intérêt ne pénalise trop le secteur manufacturier. Il poussa plutôt Andrew Mellon, à faire une déclaration à la presse. Pour ne pas déclencher la panique Mellon utilisa un langage voilé. Le 15 mars celui-ci déclara:

"La situation présente sur les marchés financiers donne la possibilité aux investisseurs prudents d'acheter des bons du gouvernement. Les bons reviennent moins cher que les actions."

Il ajouta être en parfait accord avec la Réserve fédérale concernant les restrictions à imposer au crédit servant à des fins spéculatives. Roy Young, le nouveau  gouverneur de la Réserve fédérale, fit des déclarations similaires le lendemain. Les nerfs de certains boursicoteurs fléchirent et la bourse eut quelques soubresauts. Mais l'attitude de défiance de Charles E Mitchell, président de la National City Bank, lourdement impliquée dans le financement de spéculateurs utilisant le système d'appel sur marge, rassura les marchés boursiers; le Dow Jones poursuivit son envol.

 

Le krach de 1929

En août 1929, la réserve fédérale décida finalement de faire grimper son taux de base à 6%. Les marchés boursiers étaient de plus en plus nerveux alors qu'une récession s'amorçait. Au cours des semaines qui suivirent, les investisseurs les moins téméraires vendirent et leur nombre excéda pour la première fois le nombre de nouveaux spéculateurs. Le premier krach majeur eut lieu le 24 octobre et l'intervention de certaines banques et de plusieurs gros industriels pour soutenir les cours retarda l'échéance. Le 28 octobre le Dow Jones plongea de nouveau fortement, laissant ainsi de nombreux spéculateurs avec une marge à découvert. Le 29 octobre, la panique fut totale et aucune intervention des banques ne pouvait enrayer la chute.

Un certain fléchissement dans les ventes d'automobiles commençait déjà à se faire sentir avant le krach. L'engouement pour la bourse était tel que plusieurs personnes retardaient l'achat de biens durables afin d'offrir une marge appréciable et emprunter pour acheter des actions.

 

Roosevelt et le New Deal

En 1932, 25% des travailleurs aux États-Unis n'avaient pas d'emploi. Une légende tenace veut que Roosevelt, son New Deal et ses déficits keynésiens aient mis fin à la crise; il n'en fut rien. Les emprunts massifs pour financer la construction de routes ou de ponts créèrent certes des emplois, mais de tels programmes servirent souvent à placer des amis politiques à la tête d'organismes pour lesquels ils n'avaient aucune compétence. Surtout Roosevelt mis en branle des politiques imbéciles qui firent durer la crise. Alors qu'en Allemagne, en Suède, au Japon, en Grande Bretagne et dans plusieurs pays d'Europe le chômage tomba rapidement pour revenir à son niveau normal bien avant 1936, il était, aux États-Unis, encore à 17% en 1936 et près de 14.3% en 1937  soit près de quatre fois son niveau de 1928. Lorsque Roosevelt, alarmé par la croissance spectaculaire du déficit américain et l'impossibilité qu'il y avait à maintenir cette croissance exponentielle, commença à limiter un peu plus les dépenses de l'état à la fin de 1937, l'économie américaine replongea en récession et le taux de chômage atteignit 19% l'année suivante. La théorie keynésienne prévoyait pourtant qu'en se substituant à l'entreprise privée l'état pouvait servir de catalyseur et créer une dynamique qui se suffirait à elle-même après un certain temps.

 

Dans la logique de Roosevelt, ce n'était pas la dépression qui causait la chute des prix mais la chute des prix qui causait la dépression. Une batterie de lois fut votée pour entraver le jeu de l'offre et de la demande. Six millions de porcs furent égorgés et jetés, des stocks de blé, de coton et de maïs furent détruits pour raffermir les prix, des fermiers reçurent l'aide de l'état pour ne pas produire d'avantage. Pendant ce temps des millions d'américains qui ne mangeaient pas à leur faim durent se contenter de soupes populaires et d'un régime alimentaire de survie. Un nettoyeur de New York fut même jeté en prison parce qu'il offrait de presser des pantalons pour 35 cents au lieu des 40 cents minimums prescrits par la loi. Roosevelt favorisa énormément le syndicalisme parce que celui-ci exerçait une pression à la hausse sur les salaires dans les entreprises. Mais comme la marge de profit des employeurs n'augmentait pas, ceux-ci n'engageaient qu'au compte-goutte. En 1937, le nombre de jours de grève sur l'ensemble du territoire passa de 14 à 28 millions par rapport à l'année précédente.

En fait, les États-Unis ne se sortirent de la crise qu'en 1940. La demande énorme en provenance de l'Europe pour alimenter l'industrie de guerre fit tomber le chômage à son niveau de 1928. Plusieurs des politiques associées au New Deal furent supprimées la même année; il n'était plus question de limiter la production ou de favoriser directement ou indirectement les grèves au moment où la nation s'engageait de plus en plus derrière son allié britannique dans le jeu d'alliances qui précéda Pearl Harbour.